L'annonce
Obed Namsio, le chef de cabinet du président, a partagé la nouvelle, affirmant que le président Faustin-Archange Touadéra a signé la loi, plaçant la RCA parmi les pays les plus progressistes et visionnaires du monde.
Suite à cette annonce, Martin Ziguele, figure emblématique de l'opposition et ancien Premier ministre du pays, a exprimé son opposition. Il a fait valoir que donner cours légal au Bitcoin pourrait affaiblir l'utilisation du franc CFA. M. Ziguele a critiqué l'approbation du projet de loi par proclamation, ce qui a conduit certains législateurs à envisager de le contester devant la Cour constitutionnelle. Il a également exprimé des inquiétudes quant aux bénéficiaires potentiels de cette décision.
Inquiétudes concernant le franc CFA
Le franc CFA est une monnaie régionale utilisée par six pays d'Afrique centrale, dont la République du Congo, le Tchad, le Gabon, la Guinée équatoriale et le Cameroun. Il est soutenu par la France et rattaché à l'euro. La monnaie est gérée par la Banque des États de l'Afrique centrale (BEAC), qui est tenue de conserver au moins 50 % de ses réserves de change auprès du Trésor français. Ce dispositif a été critiqué par de nombreux économistes, qui estiment qu'il freine le développement économique de la région.
Thierry Vircoulon, expert de l'Afrique centrale à l'Institut français des relations internationales, a émis l'hypothèse que l'adoption du Bitcoin par la RCA pourrait être liée à ses liens croissants avec la Russie. Il a souligné qu'avec la corruption endémique dans le pays et les sanctions internationales imposées par la Russie, cette initiative pourrait être un moyen pour la RCA de contourner ces sanctions et d'alimenter la méfiance.
Avertissement du FMI
Le Salvador est devenu le premier pays à adopter le Bitcoin comme monnaie légale le 7 septembre, comme le rapporte CryptoChipy.
Le Fonds monétaire international (FMI) a vivement critiqué cette décision, mettant en garde contre les risques financiers potentiels, notamment les risques pour la stabilité monétaire, la politique budgétaire et la protection des consommateurs. Le FMI a également exprimé des inquiétudes concernant l'émission d'obligations adossées au Bitcoin, de nombreuses autorités de régulation financière partageant les mêmes préoccupations. Les critiques affirment que l'anonymat des transactions en cryptomonnaies en fait un outil idéal pour des activités illicites, notamment le blanchiment et le trafic d'argent.
L'Inde avait également interdit les plateformes d'échange de cryptomonnaies en 2018, mais la Cour suprême a annulé cette interdiction deux ans plus tard. Le pays prévoit désormais d'introduire la roupie numérique.
En septembre, la banque centrale chinoise a déclaré illégales toutes les transactions financières, y compris les activités liées aux cryptomonnaies. La volatilité du cours du Bitcoin a également suscité des inquiétudes quant à sa fiabilité en tant que réserve de valeur, et la lenteur de ses transactions le rend peu pratique pour les petits achats.
L'avenir des cryptomonnaies dans divers pays
Malgré un scepticisme persistant, le potentiel des monnaies numériques en tant qu'outil financier polyvalent est de plus en plus reconnu. Les principales banques centrales de pays comme les États-Unis et l'Inde étudient la possibilité d'introduire des monnaies virtuelles dans un cadre réglementé.
La République centrafricaine est confrontée à l’instabilité depuis son indépendance de la France en 1960 et se classe actuellement 188e sur 189 pays dans l’indice de développement humain des Nations Unies, qui mesure la prospérité.